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24 décembre 2007 1 24 /12 /décembre /2007 10:54

" L'hégémonie est aussi vieille que l'humanité… " 
Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller à la Sécurité Nationale aux États-Unis

L'expression " Nouveau Moyen-Orient " a été présentée au monde en juin 2006 à Tel Aviv par la Secrétaire d'État étatsunienne Condoleezza Rice (qui a été créditée par les médias occidentaux de l'avoir inventée) en remplacement de l'expression plus ancienne et plus imposante du " Grand Moyen-Orient. "

Ce changement dans la phraséologie de politique étrangère coïncidait avec l'inauguration du terminal pétrolier Bakou-Tbilisi-Ceyhan en Méditerranée Orientale. L'expression et le concept de " Nouveau Moyen-Orient, " ont été plus tard annoncés par la Secrétaire d'État US et par le Premier ministre israélien au sommet du siège israélien du Liban parrainé par les anglo-étatsuniens. Le premier ministre Olmert et la Secrétaire Rice avaient informé les médias internationaux que le projet d'un " Nouveau Moyen-Orient " était lancé depuis le Liban.

Cette annonce confirmaient une " feuille de route militaire " anglo-israélo-étatsunienne au Moyen-Orient. Ce projet, qui était planifié depuis plusieurs années, consiste à créer un champ d'instabilité, de chaos, et de violence, s'étendant du Liban, Palestine et Syrie, à l'Irak, au golfe Persique, à l'Iran et aux frontières de l'Afghanistan tenu par l'OTAN.

Le projet du " Nouveau Moyen-Orient " était présenté publiquement par Washington et Tel Aviv avec l'espoir que le Liban serait le point de tension, pour la réorganisation entière du Moyen-Orient, permettant le déchaînement les forces du " chaos constructeur. " Ce " chaos créateur " -- qui crée l'état de violence et de guerre dans toute la région -- sera pour sa part utilisé de sorte que les USA, la Grande-Bretagne et Israël, puissent redessiner la carte du Moyen-Orient en fonction de leurs besoins et objectifs géostratégiques.

La nouvelle carte du Moyen-Orient

La Secrétaire Condoleezza Rice a déclaré lors d'une conférence de presse : " Ce que nous voyons ici, concernant la destruction du Liban par des attaques israélienne contre lui, est dans un sens la croissance -- les douleurs de l'enfantement -- d'un ' Nouveau Moyen-Orient ', et tout ce que nous (les USA) faisons c'est de nous assurer de pousser en avant pour ne pas revenir à l'ancien. " (1) La Secrétaire Rice était aussitôt critiqué mondialement pour ses déclarations sur le Liban et pour son indifférence à la souffrance d'une nation entière, qui était bombardé sans distinction par l'armée de l'air israélienne.

La feuille de route militaire anglo-US au Moyen-Orient et en Asie Centrale

Le discours de Condoleezza Rice sur le " nouveau Moyen-Orient " déterminait l'étape. Les attaques israéliennes sur le Liban -- qui étaient entièrement approuvées par Washington et Londres -- ont davantage compromis et confirmé l'existence des objectifs géostratégiques des USA, de la Grande-Bretagne, et d'Israël. Selon le professeur Mark Levine les " néolibéraux globalisateurs et les néoconservateurs, et en fin de compte l'administration Bush, s'accrocheraient à la destruction créatrice comme à une manière de tracer le processus par lequel ils espèrent créer leurs nouveaux ordres mondiaux, " et cette " destruction créatrice était aux USA dans les mots du néoconservateur philosophe et conseiller de Bush, Michael Ledeen, ` une considérable force révolutionnaire ' pour (…) la destruction créatrice… " (2)

L'Irak occupé par les Anglo-étatsuniens, en particulier le Kurdistan irakien, semble être un terrain d'entraînement à la balkanisation (fractionnement) et à la finlandisation (pacification) du Moyen-Orient. Déjà le cadre législatif -- sous l'intitulé fédéralisation irakienne du parlement irakien --, pour la partition de l'Irak en trois parties est sorti. (Voir la carte ci-dessous)

De plus, la feuille de route militaire anglo-étatsunienne semble rivaliser avec une entrée en Asie Centrale via le Moyen-Orient. Le Moyen-Orient, l'Afghanistan, et le Pakistan sont des tremplins pour étendre l'influence US dans l'ancienne Union Soviétique et ses anciennes républiques soviétiques d'Asie Centrale. Le Moyen-Orient est dans une certaine mesure la ligne sud de l'Asie Centrale. L'Asie Centrale à son tour est aussi nommée " la ligne sud de la Russie " ou le " Proche Étranger " russe.

De nombreux érudits russes et d'Asie Centrale, planificateurs militaires, stratèges, conseillers de sécurité, économistes, et politiciens, considèrent que l'Asie Centrale (la ligne sud de la Russie) est le " ventre mou " de la Fédération de Russie. (3)

Il convient de noter que dans son livre, Le grand échiquier : La suprématie américaine et ses impératifs géostratégiques, Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller à la Sécurité Nationale US, fait allusion au Moyen-Orient moderne comme à un levier de contrôle d'une région qu'il appelle les Balkans Eurasiens. Les Balkans Eurasiens se composent du Caucase (Géorgie, Azerbaïdjan et Arménie) et de l'Asie Centrale (Kazakhstan, Ouzbékistan, Kirghizistan, Tadjikistan, Turkménistan, Afghanistan, et Pakistan) et dans une certaine mesure de l'Iran et de la Turquie. L'Iran et la Turquie formant les lignes les plus au nord du Moyen-Orient (en excluant le Caucase) (4) qui borde l'Europe et l'ancienne Union Soviétique.

La carte du " Nouveau Moyen-Orient "

Une carte du Moyen-Orient, de l'Afghanistan aux mains de l'OTAN, et du Pakistan, passablement ignorée, circule dans les milieux stratégiques, gouvernementaux, de l'OTAN, de la politique et des cercles militaires, depuis mi 2006. Elle a donné l'occasion d'une apparition publique, peut-être pour tenter d'établir un consensus, ou pour préparer lentement le grand public aux possibles, et peut-être même cataclysmiques, changements au Moyen-Orient. C'est la carte d'un Moyen-Orient refondu et restructuré, assimilée au " Nouveau Moyen-Orient. "

CARTE DU NOUVEAU MOYEN-ORIENT



Note : La carte ci-dessus a été préparée par le Lieutenant-colonel Ralph Peters. Elle a été publiée dans le Armed Forces Journal en juin 2006. Peters est colonel retraité de l'Académie Nationale de Guerre US. (Carte sous Copyright 2006 du Lieutenant-colonel Ralph Peters).

Bien que la carte ne reflète pas officiellement la doctrine du Pentagone, elle a servi dans un programme de formation au Defense College de l'OTAN pour les officiers supérieurs militaires. Cette carte, ainsi que d'autres cartes semblables, a servi à la National War Academy aussi bien que dans les cercles de planification militaire.

Cette carte du " Nouveau Moyen-Orient " semble reposer sur plusieurs autres, dont des cartes plus anciennes des frontières potentielles du Moyen-Orient remontant à l'ère du Président US Woodrow Wilson et de la Première Guerre Mondiale. Cette carte est exhibée et présentée comme une invention du Lieutenant-Colonel retraité (de l'armée US) Ralph Peters, qui pense que les frontières remodelées de la carte résoudront totalement les problèmes du Moyen-Orient contemporain.

La carte du " Nouveau Moyen-Orient " était un élément clef du livre du Lieutenant-Colonel retraité, Ne jamais abandonner le combat, qui a été diffusé au public le 10 juillet 2006. Cette carte d'un Moyen-Orient refondu a aussi été publiée, sous le titre Frontières de sang : À quoi ressemblerait un meilleur Moyen-Orient, dans le Armed Forces Journal des militaires étatsuniens avec le commentaire de Ralph Peters. (5)

Il convient de noter que le dernier poste du Lieutenant-colonel Peters fut la charge de Chef d'État-major adjoint pour le Renseignement, au Département de la Défense US, et il fut l'un des auteurs les plus en avant du Pentagone, avec de nombreux essais sur la stratégie pour les journaux militaires et la politique étrangère étatsunienne.

Il a été écrit, sur Ralph Peters, que ses " quatre livres précédents sur la stratégie ont été très influent au gouvernement et dans les cercles militaires ", mais on sera pardonné de demander si vraiment le contraire pourrait en fait arriver. Ce pourrait-il que le Lieutenant-Colonel Peters soit en train de révéler et de proposer ce que Washington et ses planificateurs stratégiques ont prévu pour le Moyen-Orient ?

Le concept d'une refonte du Moyen-Orient a été présenté comme un arrangement " humanitaire " et " juste ", qui bénéficiera aux peuples du Moyen-Orient et de ses régions périphériques. Selon Ralph Peter :

" Les frontières internationales ne sont jamais tout à fait justes. Mais le degré d'injustice qu'elles infligent à ceux qu'elles forcent à se regrouper ou à se séparer fait une énorme différence -- souvent la différence entre la liberté et l'oppression, la tolérance et la barbarie, l'autorité de la loi et le terrorisme, ou même la paix et la guerre.

Les frontières les plus arbitraires et les plus dénaturées du monde sont en Afrique et au Moyen-Orient. Dessinées par des européens intéressés (qui ont eu assez de difficultés à définir leurs propres frontières), les frontières de l'Afrique continuent à provoquer la mort de millions d'autochtones. Mais les injustes frontières du Moyen-Orient -- pour emprunter à Churchill -- génèrent plus de malheurs qu'il ne peut en être consommé sur place.

Alors que le Moyen-Orient a beaucoup moins de dysfonctionnements frontaliers que de problèmes -- de stagnation culturelle à travers l'inégalité scandaleuse du mortel extrémisme religieux -- le plus grand tabou pour tenter de comprendre l'échec complet de la région n'est pas l'Islam, mais les terribles et sacro-saintes frontières internationales adorées par nos propres diplomates.

Naturellement, aucun ajustement frontalier, aussi draconien soit-il, ne pourra rendre heureuse chaque minorité du Moyen-Orient. Parfois, les groupes ethniques et religieux vivent mélangés et mariés entre eux. Ailleurs, les sociétés fondées sur le sang ou la croyance ne sauraient se montrer aussi heureuses que leurs partisans actuels l'attendent. Les frontières projetées dans les cartes accompagnant cet article réparent les maux dont souffrent les groupes de population " trompées " les plus significatives, comme les Kurdes, les Balouchs et les Arabes Chiites (musulmans), mais elles échouent toujours à constituer un Moyen-Orient convenable pour les chrétiens d'orient, les Béhaistes, les Ismaéliens, les Naqshbandis et de nombreuses autres petites minorités. Et un mal obsédant ne peut jamais être réparé par une gratification territoriale : le génocide Arménien commis par l'Empire Ottoman agonisant.

Malgré toutes les injustices des frontières ré-imaginées ici, laissant des sans adresse sans révisions de frontières majeures, nous ne verrons jamais un Moyen-Orient plus paisible. Même pour ceux abhorrant le sujet d'altération des frontières, il serait très utile de se lancer dans l'exercice de tenter de concevoir une plus prometteuse, même si elle est encore imparfaite, modification des frontières nationales entre le Bosphore et l'Indus. En admettant que le savoir de l'homme d'État international n'a jamais développé d'outils efficaces -- rien que la guerre -- pour réajuster les frontières boiteuses, un effort mental pour comprendre les frontières " organiques " du Moyen-Orient nous aide cependant à comprendre l'ampleur des difficultés auxquelles nous faisons, et aurons à faire, face. Nous avons affaire à des difformités colossales créées par l'homme, qui ne cesseront d'engendrer haine et violence tant qu'elles ne seront pas corrigées.
" (6)

" Souffrance nécessaire "

En plus de croire qu'il existe une " stagnation culturelle " au Moyen-Orient, on doit noter que Ralph Peters admet que ses propositions sont " draconiennes " par leur nature, mais il insiste sur le fait que ce sont les souffrances nécessaires des peuples du Moyen-Orient. Cette vue de douleur nécessaire et de souffrance est un parallèle effrayant avec la conviction de Condoleezza Rice pour qui la dévastation du Liban par les militaires israéliens était une souffrance nécessaire ou les " douleurs de l'enfantement " du " Nouveau Moyen-Orient " qu'envisagent de créer Washington, Londres, et Tel Aviv.

De plus, il vaut la peine de noter que le sujet du Génocide arménien est politisé et ravigoté en Europe pour offenser la Turquie. (7)

La révision, le démantèlement, et le remontage des états nations du Moyen-Orient ont été emballés comme la solution aux hostilités du Moyen-Orient, mais c'est carrément trompeur, faux, et fictif. Les avocats d'un " Nouveau Moyen-Orient " et de la refonte des frontières de la région évitent et échouent à décrire sincèrement les racines des problèmes et des conflits au Moyen-Orient contemporain. Ce que les médias ne reconnaissent pas est le fait que presque tous les conflits principaux affligeant le Moyen-Orient sont la conséquence des ordres du jour anglo-israélo-étatsunien.

De nombreux problèmes affectant le Moyen-Orient contemporain résultent de l'aggravation délibérée des tensions régionales préexistantes. La division sectaire, la tension ethnique et la violence interne ont été généralement exploitées par les USA et la Grande-Bretagne dans diverses régions du globe, dont l'Afrique, l'Amérique Latine, les Balkans, et le Moyen-Orient. L'Irak est juste l'un des nombreux exemples de la stratégie anglo-étatsunienne du " diviser et vaincre. " D'autres exemples sont le Rwanda, la Yougoslavie, le Caucase, et l'Afghanistan.

Le manque de véritable démocratie est parmi les problèmes du Moyen-Orient actuel. En fait, elle avait été délibérément entravée par la politique étrangère des USA et des Anglais. La " démocratie " de style occidental a été une exigence seulement pour ces États du Moyen-Orient ne se conformant pas aux demandes politiques de Washington. Invariablement, cela constitue un prétexte de confrontation. L'Arabie Saoudite, l'Égypte, et la Jordanie sont des exemples d'États non démocratiques avec qui les USA n'ont aucun problème parce qu'ils sont solidement alignés dans l'orbite ou la sphère anglo-étatsunienne.

En plus, les USA ont délibérément bloqué ou supplanté les véritables mouvements démocratiques du Moyen-Orient, depuis l'Iran en 1953 (où un coup parrainé par les USA et le Royaume-Uni a été mis en scène contre le gouvernement démocratique du premier ministre Mossadegh), jusqu'à l'Arabie Saoudite, l'Égypte, la Turquie, les Émirats Arabes, et la Jordanie, où l'alliance anglo-étatsunienne soutient le contrôle militaire, les absolutistes, et les dictateurs de toutes sortes. Le dernier exemple en est la Palestine.

La protestation turque au Military College de l'OTAN à Rome

La carte du " Nouveau Moyen-Orient " du Lieutenant-colonel Ralph Peters a déclenché des réactions irritées en Turquie. Selon des communiqués de presse turcs du 15 septembre 2006, la carte du "Nouveau Moyen-Orient " a été montrée au Military College de l'OTAN à Rome en Italie. On a en plus signalé que les dirigeants turcs ont été aussitôt outrés par la présentation d'un partage et d'un morcellement de la Turquie (8). La carte a reçu une certaine forme d'approbation de la National War Academy étatsunienne avant sa divulgation devant les dirigeants de l'OTAN à Rome.

Le Chef d'État-Major turc, le Général Buyukanit, a contacté le président du Chef Adjoint d'État-major étatsunien, le Général Peter Pace, et a protesté contre l'événement et l'exhibition de la carte de refonte du Moyen-Orient, de l'Afghanistan, et du Pakistan (9). De plus, le Pentagone a abandonné sa façon de garantir à la Turquie que la carte ne reflète pas la politique officielle et les objectifs étatsuniens dans la région, mais cela semble être en conflit avec des actions anglo-étatsuniennes au Moyen-Orient et en Afghanistan sous mainmise de l'OTAN.

Y a-t-il un lien entre le projet des " Balkans Eurasiens " de Zbigniew Brzezinski et le " Nouveau Moyen-Orient " ?

Ce qui suit sont des extraits et des passages importants du livre de Zbigniew Brzezinski, Le grand échiquier : La suprématie américaine et ses impératifs géostratégiques. Brzezinski déclare aussi que la Turquie et l'Iran, les deux États les plus puissants des " Balkans Eurasiens, " situés sur la ligne sud, sont " potentiellement vulnérable aux conflits ethniques internes (balkanisation), " et que, " si l'un ou les deux devaient être déstabilisés, les problèmes internes de la région deviendraient incontrôlables. " (10)

Il semble que l'Irak divisé et balkanisé serait le meilleur moyen d'accomplir cela. Prenant ce que nous savons des propres confessions de la Maison Blanche ; il y a une croyance en ce que la " destruction et le chaos créateurs " au Moyen-Orient sont des atouts bénéfiques à son remodelage, pour réorganiser le " Nouveau Moyen-Orient, " et promouvoir la feuille de route anglo-étatsunienne au Moyen-Orient et en Asie centrale :

" En Europe, le mot " Balkans " évoque des images de conflits ethniques et de rivalités régionales de grandes puissances. L'Eurasie a aussi ses " Balkans, " mais les Balkans eurasiens sont beaucoup plus grands, plus peuplés, plus hétérogènes en religions et ethnies. Ils sont situés dans ce grand rectangle géographique qui délimite la zone centrale de l'instabilité mondiale (…) qui embrasse des régions du sud-est de l'Europe, de l'Asie Centrale et des régions du sud de l'Asie (Pakistan, Cachemire, ouest de l'Inde), la région de Golfe Persique, et le Moyen-Orient.

Les Balkans eurasiens forment le noyau intérieur de ce grand rectangle (…) ils diffèrent de leur régions externe d'une manière particulièrement significative : Ce sont un vide hégémonique. Bien que la plupart des États du Golfe Persique et du Moyen-Orient soient aussi instables, la puissance US est l'arbitre suprême de cette région. La région instable dans la zone externe est ainsi une région sous l'hégémonie d'une seule puissance, qui est modérée par cette hégémonie. Par contraste, les Balkans eurasiens évoquent vraiment les plus anciens et plus familiers Balkans du sud-est de l'Europe : Non seulement ce sont des entités politiques instables mais elles tentent et invitent l'intrusion de leurs plus puissants voisins, chacun d'eux étant déterminé à s'opposer à la domination des autres sur la région. C'est cette combinaison familière de vide hégémonique et d'aspiration au pouvoir qui justifie l'appellation " Balkans eurasiens. "

Les Balkans traditionnels représentaient un enjeu géopolitique potentiel dans la lutte pour la suprématie européenne. Les Balkans Eurasiens, à cheval sur le réseau de transport émergeant inévitablement censé relier plus directement les richesses et les travailleurs des extrémités occidentales et orientales d'Eurasie, ont aussi une importance géopolitique. D'ailleurs, ils sont d'importance du point de vue de la sécurité et des ambitions historiques d'au moins trois de leurs voisins les plus proches et plus puissants, à savoir, la Russie, la Turquie, et l'Iran, avec la Chine qui montre aussi un intérêt politique croissant pour la région. Mais les Balkans Eurasiens sont infiniment plus importants comme enjeu économique potentiel : Une énorme concentration de réserves de gaz naturel et de pétrole est localisée dans la région, en plus d'importants minerais, dont de l'or.

La consommation énergétique mondiale augmentera extrêmement, sans doute, dans les deux ou trois décennies suivantes. Les évaluations du Département de l'Énergie US prévoient que la demande mondiale augmentera de plus de 50 pour cent entre 1993 et 2015, avec l'augmentation de consommation la plus importante en Extrême-Orient. L'impulsion du développement économique asiatique produit déjà une énorme pression sur l'exploration et l'exploitation de nouvelles sources d'énergie, et la région de l'Asie Centrale et du bassin de la Mer Caspienne sont connus pour contenir des réserves de gaz naturel et de pétrole qui éclipsent celles du Koweït, du Golfe du Mexique, ou de la Mer du Nord.

L'accès à ces ressources et le partage de sa richesse potentielle représentent les objectifs qui agitent les ambitions nationales, motivent les intérêts des entreprises, ravivent des revendications historiques, raniment des aspirations impériales, et alimentent des rivalités internationales. La situation se fait plus volatile du fait que non seulement la région est un vide hégémonique mais elle est aussi intérieurement instable.

(…)

Les Balkans eurasiens incluent neuf pays, qui d'une façon ou d'une autre s'accordent à la description précédante, plus deux autres candidats potentiels. Les neuf sont le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, l'Ouzbékistan, le Turkménistan, l'Azerbaïdjan, l'Arménie, et la Géorgie -- tous faisant partie autrefois de l'ancienne Union Soviétique --, ainsi que l'Afghanistan.

Les ajouts potentiels à la liste sont la Turquie et l'Iran, tous deux beaucoup plus viables politiquement et économiquement, tous deux concurrents actifs pour l'influence régionale dans les Balkans Eurasiens, et aussi les deux acteurs géostratégiques importants de la région. En même temps, tous deux sont potentiellement vulnérables aux conflits ethniques internes. Si l'un, l'autre ou les deux, devaient être déstabilisés, les problèmes internes de la région deviendraient ingérables, pendant que les efforts pour restreindre la domination régionale de la Russie pourraient même devenir vains. " (11)

La refonte du Moyen-Orient

Le Moyen-Orient est à certains égards un parallèle saisissant des Balkans et du centre-sud de l'Europe durant les années menant à la Première Guerre Mondiale. Suite à la Première Guerre Mondiale les frontières des Balkans et du centre-sud de l'Europe ont été refondues. Cette région a expérimenté une période de bouleversements, de violences et de conflits, avant et après la Première Guerre Mondiale, résultant directement d'intérêts et d'interférences économiques étrangers.

Les raisons derrière la Première Guerre Mondiale sont plus sinistres que l'explication standard des livres scolaires, l'assassinat de l'héritier au trône de l'empire austro-hongrois (les Habsbourg), l'archiduc Franz Ferdinand, à Sarajevo. Les facteurs économiques étaient la vraie motivation de la guerre à grande échelle de 1914.

Normand Dodd, ancien banquier de Wall Street et enquêteur pour le Congrès US, qui a examiné les institutions US exemptées d'impôts, a confirmé lors d'une entrevue en 1982 que ces individus puissants, qui contrôlaient en coulisses les finances, les politiques, et le gouvernement US, avaient en fait aussi comploté l'intervention US dans une guerre qui contribuerait à fixer solidement leur mainmise sur le pouvoir.

Le témoignage suivant est la transcription de l'entrevue de Normand Dodd avec G. Edouard Griffin :

Nous sommes maintenant en 1908, l'année où la Fondation Carnegie entra en fonction. Cette année là, les administrateurs se réunissant pour la première fois soulevèrent une question précise dont ils discutèrent d'une manière très savante du début à la fin du bilan de l'année. La question était : Y a-t-il un moyen connu plus efficace que la guerre pour réaliser le souhait de changer la vie d'un peuple entier ? Et ils concluent qu'il n'existe à cette fin aucun moyen connu plus efficaces que la guerre. Ensuite, en 1909, ils soulevèrent la deuxième question, et discutèrent d'elle, à savoir, comment impliquerons-nous les Etats-Unis dans une guerre ?

Hé bien, je doute qu'à cette époque il y avait dans la pensée de la majeure partie des gens de ce pays (États-Unis) un sujet plus éloigné que leur participation à une guerre. Il y avait des émissions irrégulières sur la guerres des Balkans, mais je doute beaucoup qu'un grand nombre de gens savaient même où se trouvaient les Balkans. Et en définitive, ils répondirent ainsi à cette question : nous devons contrôler le Département d'État.

Et puis, cela souleva très naturellement la question : Comment ferons-nous cela ? Ils y répondirent en disant, nous devons prendre la direction et le contrôle de la machine diplomatiques de ce pays et, à la fin, ils décidèrent de s'atteler à cet objectif. Puis, le temps passant, nous avons fini par être dans une guerre qui sera la Première Guerre Mondiale. À ce moment-là, ils ont enregistré dans leurs minutes un rapport choquant selon lequel ils expédient au Président Wilson un télégramme l'avertissant de s'assurer que la guerre ne finisse pas trop vite. Et finalement, naturellement, la guerre se termina.

À ce moment-là, leurs intérêts se déplacèrent pour empêcher ce qu'ils appelaient un retour à la vie d'avant 1914 aux États-Unis, quand éclata la Première Guerre Mondiale.

Refondre et démembrer le Moyen-Orient, depuis les rivages méditerranéens orientaux du Liban et de la Syrie jusqu'à l'Anatolie (Asie Mineur), l'Arabie, le Golfe Persique, et le plateau iranien, répond aux larges objectifs économiques, stratégiques et militaires, qui font partie d'un ordre du jour anglo-israélo-étatsunien de longue date dans la région.

Le Moyen-Orient a été conditionné par des forces extérieures dans un baril de poudre prêt à exploser avec un bon déclencheur, peut-être le lancement de raids aériens anglo-américains et/ou israéliens contre l'Iran et la Syrie. D'une guerre élargie au Moyen-Orient peuvent résulter des frontières redessinées stratégiquement avantageuses pour les intérêts anglo-israélo-US.

L'Afghanistan aux mains de l'OTAN a été divisé avec succès, entièrement sauf son nom. L'animosité a été inséminée au Levant, où une guerre civile palestinienne est nourrie et est menée au Liban une campagne de divisions. La Méditerranée orientale a été militarisée avec succès par l'OTAN. La Syrie et l'Iran continuent à être diabolisés par les médias occidentaux, en vue de justifier une action militaire. Pour leur part, les médias occidentaux nourrissent, quotidiennement, de notions incorrectes et partiales, selon lesquelles les populations irakiennes ne pourraient pas coexister et le conflit ne serait pas une guerre d'occupation mais " une guerre civile " caractérisée par des différends internes entre chiites, sunnite et kurdes.

Les tentatives pour créer intentionnellement de l'animosité entre les différents groupes ethnico-culturels et religieux du Moyen-Orient ont été systématiques. En fait, elles font partie d'un ordre du jour secret soigneusement conçu et réfléchi.

Bien plus inquiétant, de nombreux gouvernements du Moyen-Orient, tels que celui d'Arabie Saoudite, aident Washington à fomenter des divisions entre populations. L'objectif final étant d'affaiblir le mouvement de résistance contre l'occupation étrangère par la " stratégie du diviser et vaincre " qui sert les intérêts anglo-israélo-étatsunien dans la région entière.


Mahdi Darius Nazemroaya est auteur indépendant à Ottawa, spécialisé dans les affaires du Moyen-Orient et d'Asie Centrale. C'est un Chercheur Associé du Center for Research on Globalization (CRG).

Notes

1 Briefing spécial sur le voyage au Moyen-Orient et en Europe de la Secrétaire d'État Condoleezza Rice, Washington, DC. Le 21 juillet 2006. http://www.state.gov/secretary/rm/2006/69331.htm

2 Professeur Mark LeVine, ``The New Creative Destruction``, Asia Times, le 22 août 2006. http://www.atimes.com/atimes/Middle_East/HH22Ak01.html

3 Professeurr Andrej Kreutz; The Geopolitics of post-Soviet Russia and the Middle East, Arab Studies Quarterly (ASQ), Association of Arab-American University Graduates, Washington D.C., janvier 2002. http://findarticles.com/p/articles/mi_m2501/is_1_24/ai_93458168/pg_1

4 Le Caucase, ou la Caucasie, peut être considéré comme une région du Moyen-Orient ou comme une région séparée.

5 Lieutenant-Colonel (retraité) Ralph Peters; ``Blood borders: How a better Middle East would look``, Armed Forces Journal (AFJ), juin 2006 http://www.armedforcesjournal.com/2006/06/1833899

6 Ibid

7 Crispian Balmer; French MPs back Armenia genocide bill, Turkey angry, Reuters, 12 octobre 2006.

James McConalogue; French against Turks: Talking about Armenian Genocide, The Brussels Journal, 10 octobre 2006. http://www.brusselsjournal.com/node/1585

8 Suleyman Kurt; Carved-up Map of Turkey at NATO Prompts U.S. Apology, Zaman (Turkey), 29 Septembre 2006. http://www.zaman.com/?bl=international&alt=&hn=36919

9 Ibid

10 Zbigniew Brzezinski; The Grand Chessboard: American Primacy and Its Geo-strategic Imperatives, Basic Books, New York, 1998 http://www.perseusbooksgroup.com/basic/book_detail.jsp?isbn=0465027261

11 Ibid

Original : Global Research, 18 novembre 2006.

Traduction de Pétrus Lombard.


Article de Mahdi Darius Nazemroaya

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13 octobre 2007 6 13 /10 /octobre /2007 11:49
Assurer la sécurité du Caucase et en partie du Moyen Orient est inconcevable et inséparable sans la stabilité en Géorgie, en Arménie et en Azerbaïdjan. C’est précisément pourquoi la Russie et les Américains se disputent le rôle de leadership géopolitique dans le Sud Caucase depuis l’effondrement de l’URSS dans cet espace.

Le Sud Caucase ne cessera jamais d'étonner la communauté l'international, restant une zone de tension :
• les dernières tensions économico-politiques entre la Géorgie et la Russie.
• les déclarations régulières azéris au sujet d'employer probablement la force pour régler le problème du Haut-Karabagh.
• l'emphase de l’Arménie à augmenter ses capacités de défense.

Tout ceci indique certainement que la situation militaire-politique dans la région est compliquée et peut être en voie de détérioration. La militarisation du Sud Caucase a atteint un pic critique, les budgets militaires combinés de ces trois pays transcaucasien atteint à plus de 1.5 milliards $ par an !

Selon l'institut de recherche international de paix de Stockholm (SIPRI) et Institue pour la guerre et la paix basé à Londres (IFWP), les budgets des militaires de l'Azerbaïdjan, l'Arménie, et de la Géorgie se développent sans connaître un ralentissement et plus rapidement que les dépenses pour la défense dans la plupart des autres pays, et beaucoup plus rapidement que leurs taux de croissance (jusqu'à 40 fois plus rapidement).

En juin 2007, en Géorgie le budget militaire était de 303 millions de $, pour Arménie 264 millions de $, et pour l'Azerbaïdjan plus de 900 millions de $. Il y a 75 tanks et 85 pièces d'artilleries pour un million d’habitants du Sud Caucase : C’est plus élevé par comparaison que pour la Turquie ou l'Iran. L'actuellement le Sud Caucase est devenu des régions les plus militarisées du monde. Les états indépendants du Sud Caucase possèdent les arsenaux militaires comparables à ceux des pays européens moyens. Les forces armées de l'Azerbaïdjan comptent 70.000 personnes, les forces armées arméniennes 45.000, et les troupes géorgiennes en 2006 comptaient 32.000 personnes.

Hormis les arsenaux militaires de ces trois états reconnus internationalement, il faut également comptabiliser les arsenaux des trois républiques non reconnues (Abkhazie, Ossétie du Sud et Haut-Karabagh) qui sont entièrement comparables à ceux des états reconnus. Les forces armées d'Abkhazie comptent 5.000 personnes, celle d’Ossétie du Sud 3.000 et celle du Haut-Karabagh entre 15.000 à 20.000. En termes de puissance de feu, les forces armées d'Abkhazie et d’Ossétie du Sud sont pratiquement égales à La Géorgie. La Géorgie a de 80 à 100 tanks, l’Abkhazie 100 et l’Ossétie du Sud 87. Les nombres d'artilleries lourds (plus de 122 millimètres) sont 117, 237 et 95 respectivement. Le matériel militaire lourd de l'armée de Karabakh inclut : 316 tanks, 324 véhicules blindés, 322 pièces d'artillerie de calibres plus de 122 millimètres, 44 lanceurs multiples de fusée, et un nouveau système de défense anti-aérien. Ces chiffres sont impressionnants.

Le gouvernement géorgien a presque doublé ses dépenses pour la défense en 2007 : de 303 millions de $ à 566 millions de $. La dépense militaire de Tbilissi s’élèveront à 723 millions de $ pour l'année 2008.
Le budget militaire de l'Azerbaïdjan s'est développé de 146 millions de $ en 2004 à presque 1 milliards de $ cette année, sans oublier les discours belliqueux de ces dirigeants et la politique de propagande anti-arménienne des autorités de Bakou.

Le gouvernement géorgien et azéri note que les raisons de ces dépenses additionnelles avait pour but l’accélération des réformes militaires requises pour rejoindre l'OTAN.

Les dépenses pour la défense de l'Arménie ont augmenté de 350% par rapport à 2000 (l'Arménie a assigné presque 150 millions de $ pour la défense en 2006 et presque 264 millions de $ cette année).

Les dépenses pour la défense de l'Azerbaïdjan ont été multiplié par 8 ; Les dépenses pour la défense de la Géorgie ont augmenté par dix (au début de 2006, il était seulement 77 millions de $). A la vue de ces chiffres les pays de Sud Caucase ont vu une montée subite dépense militaire au cours de 2006 et de 2007.

Ces faits sont inévitablement une source de souci pour la Russie et ses associés dans l'organisation CEI et du Traité de Sécurité Collective (CSTO), particulièrement donné le déséquilibre évident des forces parmi États de Sud Caucase et cela peut devenir une source d’instabilité et de menace. Clairement, la région est témoin d'une augmentation dangereuse d'activité militaire.

Les gouvernements, les ministères de la défense, et les analystes porte une attention particulière à cette région. La raison principale de cela est persistance de la politique de Washington de déstabiliser la situation dans le Moyen-Orient et le Caucase du sud. Avec la crise de l'Iran est sa forte escalade probablement vers un conflit armé, la Transcaucasie
est peut être dans la proximité dangereuse d’une guerre. D'une manière plus importante, les architectes de la politique globale considèrent le problème d’une transformation à long terme de grande envergure du grand Moyen-Orient vers l'Américanisation de cette région et un « Nouveau Moyen-Orient ». En effet, le Caucase du sud ne devrait pas être un obstacle à ces plans (au moins) ; elle pourrait même les faciliter (tout au plus).

Le principal objectif des Etats-Unis et de ses alliés de l'OTAN demeurent inchangé : intégration des trois états de la Transcaucasie dans La communauté Euro-Atlantique, et expulsion de la Russie de la région. De plus, l’adhésion européenne pour les pays du Sud Caucase n'est même pas une possibilité hypothétique ; c’est le principal instrument pour leur intégration Euro-Atlantique et le bloc militaire de l'OTAN. Dans la vue de Washington, le Caucase devrait être la prochaine étape de l’expansion de l’OTAN - et on pense que la meilleure option est l’accession simultanée vers l'OTAN pour l'Azerbaïdjan, l'Arménie, et la Géorgie.

Au sommet d'Istanbul de l'OTAN en 2004, la région du Sud Caucase était incluse parmi les zones prioritaires de l'OTAN. La coopération de l'OTAN avec des pays dans cette région est basée sur Plan d'action individuelle d'association(IPAP). En 2004, le premier ministre arménien a établi une commission interministérielle pour coordination l'exécution de l'IPAP de l'Arménie avec l'OTAN. L'IPAP de la Géorgie a été adopté en 2003, et celui de l'Azerbaïdjan en mai 2005. Les Etats-Unis se sont employés à une aide financière politique pour les pays dans cette région pour limiter le rôle de la Russie et pousser graduellement la Russie hors du Caucase.

Au cours des 12 dernières années, les Américains ont fourni autour 1.3 milliard de $ d'aide vers la Géorgie - comprenant de l'aide militaire. Selon la revue américaine « Jane’s Sentinel », les Américains ont dépensé 64 millions de $ sur l’entrainement et les équipements de 2002-04.
La Géorgie a reçu un total de 98 millions de $ d’aide militaires des USA durant cette période. Cette somme a soulevé la Géorgie à la 20eme place dans les pays associés étrangers de Washington. Dans les trois précédentes années, la Géorgie avaient reçu seulement 18 millions de $ des Etats-Unis, et elle se place à 41eme rang parmi les destinataires d'aide des USA.
Ces chiffres sont prises du rapport « Collatéral Damage » édité par le « Center for Public Integrity » basé sur une année de journalisme d’investigation. Il ne faut donc pas s’étonner de la visite de George Bush à Tbilissi en mai 2005

Un autre programme américain, « Sustainment and Stability Operations » en Géorgie (en cours depuis 2005), a coûté $60 millions. D'ailleurs, les Etats-Unis fournissent également une aide par le financement militaire étranger (FMF) et international et par les Programmes militaires d'éducation et de formation (IMET). En 2005, le FMF et l’IMET a fournie à la Géorgie respectivement 11.9 millions et 1.4 millions de $ (la même somme est censé être maintenu en 2006 et 2007). Washington a fourni à la Géorgie un total d'autour 74 millions de $ d'aide militaire en 2005 : plus que le double qu’en 2004 (30 millions de $).

Le Pentagone arme également intensivement l'Azerbaïdjan. Ceci est indiqué dans un rapport du centre pour l'information de la défense : Bakou a reçu pour une valeur de 14 millions de $ d’armes des Etats-Unis ces dernières années. « Les Etats-Unis emploient les ventes d'armes comme récompense pour ses alliés dans la guerre contre le terrorisme » indique le rapport. Elle note également que l'Azerbaïdjan a reçu plus de 27 millions $ d’aide militaire de Washington dans les cinq années passés. Le budget des USA pour 2007 et 2008 inclut davantage vers l'aide militaire et que les ventes d'armes vers l'Azerbaïdjan. Le projet de budget présenté au congrès par la Maison Blanche propose d'assigner la valeur de 5.3 millions de $ d’aide militaire vers l'Azerbaïdjan.

Washington ne néglige pas l'Arménie non plus. Le 1er août, les Etats Unis ont présenté le bataillon du maintien de la paix du ministère arménien de la défense avec 3 millions de $ en armes et équipements. Ceci a été fourni en partie par le programme de FMF. Le programme prévoit de fournir 8 millions de $ d'ici 2009 afin d'établir des bataillons de maintien de la paix arménien qui coopérera avec l'OTAN. Le projet de budget a présenté au congrès par la Maison Blanche propose d'assigner la somme de 3.3 millions de $ comme aide militaire vers l'Arménie.

Ainsi, la politique des Etats-Unis dans cette région est facilitée par son militarisation. Washington a développé et met en application des projets pour affaiblir l'influence de la Russie dans le Caucase autant que possible - en termes économiques, politiques, et militaires. De plus la GUAM l'alliance entre la Géorgie-Ukraine-Azerbaïdjan-Moldavie est renforcée comme alternative à l'influence russe. Il y a également des projets pour la formation d’une alliance militaire entre l'Azerbaïdjan-Turquie-Géorgie.

Les changements fondamentaux de l'équilibre des forces régional peuvent devenir irréversibles si les pays du Sud Caucase intègrent l'OTAN, comme un système « plus efficace » de sécurité. Le Secrétaire Général de l'OTAN Jaap Hoop Scheffer a visité Tbilissi récemment, rencontrant les ministres géorgiens pour discuter les perspectives pour l'accession de la Géorgie vers l'OTAN (la Géorgie a des espoirs de lancer un programme d'adhésion de l'OTAN au printemps de 2008). De plus, si les USA projettent d’installer des éléments du bouclier anti-missile dans le Caucase. Cela placerait la Transcaucasie deviendra comme une ligne de front - et ainsi une zone à haut risque.



Depuis 1991, la Russie a indiqué que le Sud Caucase est une zone d'intérêts stratégiques prioritaires car celui qui domine la Transcaucasie domine également la mer Caspienne et l’accès vers l'Asie centrale et le Moyen-Orient. De ce point de vue, la région est importante pour les intérêts stratégiques de la Russie.

Un des objectifs les plus importants de Moscou est de retenir les développements de la présence américaine dans le Caucase du sud, même si l’Europe et les Etats-Unis essayent de pousser la Russie hors de cette région.

La dominance russe dans le Caucase du sud n'est pas seulement une question de « rétablissement de l'impérialisme. » de la Russie. En effet, assurer la stabilité des pays de la Transcaucasie est une condition préalable fondamentale pour le développement pacifique et l'intégrité territoriale de la Russie elle-même.

La Russie est également un état de Caucase. Sept régions de la fédération russe (Adygué, Inguchetie, Daghestan, Kabardino-Balkarie, Karachaevo-Tcherkessie, Ossétie du Nord, Tchétchénie) sont situées dans le Caucase du nord. Assurant la sécurité dans le Caucase russe est inconcevable en dehors, et inséparable de la stabilité en Géorgie, Arménie, et en Azerbaïdjan. C'est dans cet objectif que la Russie veut maintenir la conduite géopolitique dans Caucase du Sud depuis la dissolution de l'URSS.

Par conséquent l'intérêt intense de la Russie pour les événements autour de l’Abkhazie, d’Ossétie du Sud et le Haut-Karabagh. La stabilisation de la situation dans ces territoires est alignée avec les intérêts nationaux de la Russie.

Les pays immédiats de la région ont à plusieurs reprises exprimé l'opinion que Moscou n'a aucune politique strict-défini et coordonnée concernant le Sud Caucase. En effet, La Russie à la suite de l’effondrement de l’URSS n'était pas dans une bonne situation dans les années 90 ; Moscou était incapable de poursuivre une politique logique par rapport à l'Arménie, l'Azerbaïdjan, et la Géorgie.

Les résultats de ceci ont été perceptibles : La Géorgie regarde de nos jours vers Bruxelles et Washington, alors que l'Azerbaïdjan regarde vers Bruxelles, Washington, et Ankara. L'Arménie, pour sa part tient compte des intérêts régionaux de la Russie et partage dans une certaine mesure les mêmes intérêts, d’où l’intensité de ces relations avec Moscou. Ainsi, la politique de Moscou dans le Sud Caucase ne devrait nullement être considérée comme un échec complet.

Tandis que la Géorgie considère qu'elle a des raisons indiscutables de joindre l’OTAN, Arménie a des raisons d'hésiter. L'Arménie n'en voit pas d’avantages particuliers pour elle dans la perspective d’intégrer l'OTAN ou que l’alliance atlantique contrôle la région. En fait, elle a des appréhensions justifiables que ceci pourrait avoir un effet nocif pour les intérêts arméniens. L'Arménie reste le vari associé stratégique de la Russie dans le Caucase du sud. Cette association est basée sur une politique étrangère selon le principe du maintien de l'équilibre entre les intérêts de divers blocs militaro-politiques dans lequel la région du Caucase est directement concernée. Cette politique est associable aux meilleurs intérêts de l'Arménie au stade actuel.

Les relations de la Russie avec l'Azerbaïdjan se sont également améliorées.
L'association stratégique entre la Russie et l’Azerbaïdjan se développe : dans les domaines économiques, les questions humanitaires, et beaucoup d'autres domaines de coopération bilatérale. 2006 était l’année de l’Arménie et en 2007 celle de l’Azerbaïdjan en Russie
Le commerce entre les deux pays a connu une croissance de plus de 50% entre 2005 et 2006, et s'élève maintenant à plus 1.6 milliard de $.

Naturellement, l’influence russe dans la région à reculer mais elle se maintient et reste présente et connait une certaine croissance dans certain domaine depuis la présidence de Poutine. Ce dernier à conduit une politique dans le Caucase du sud très pragmatique.

Source: SIPRI, IFWP, International Crisis Group, Armenian News Network/Groong

Alen Ter Markossian
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5 octobre 2007 5 05 /10 /octobre /2007 18:25















Cela fait 17 ans que les pays du Sud Caucase (Arménie, Azerbaïdjan et Géorgie) ont accéder à l’indépendance. Cette indépendance c’est fait dans la douleur.

  1. Conflit Arméno-Azéri dans le Haut Karabakh
  2. Conflit Ossète-Géorgien en Ossétie du Sud
  3. Conflit Abkhaz-Géorgien en Abkhazie

Sans oublier le conflit Tchéchène et la guerre civile en Géorgie. Des conséquences sociales (réfugiés, nettoyage et discrimination ethnique, pogroms…) et économique (blocus turco-azéri, frontières fermés…)

Deux stratégies s’opposent pour restaurer la stabilité.

La « Pax Russia » basé sur le retour de la Russie puissance héritière de l’URSS dans la région pour éviter l’escalade militaire et garantir la stabilité en privilégiant le statut quo acquis après 1994 avec le concours de l’allié iranien.

  1. Indépendance de facto de la République Haut-Karabagh.
  2. Etat-satellite de la Russie avec l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie
  3. Privilégier les partis pro-russes dans le Sud-Caucase.
  4. Utiliser l’arme économique (Gaz) ou ethnique (Arménien du Djavakh en Géorgie, Talychs ou Lezguiens en Azerbaïdjan) pour garder une influence politique dans le Sud-Caucase

La « Pax America» basé sur des considérations plus économiques que politiques à travers un allié de taille dans la région à savoir la Turquie.

  1. Miser sur les richesses énergétiques et leur évacuation pour développer économiquement le Sud Caucase et pousser les 3 républiques à coopérer.
  2. C’est la formule « pétrole contre terre » ou bien « argent contre indépendance ».
  1. Libéraliser et démocratiser les sociétés du Sud-Caucase pour effacer l’héritage des  tensions ethniques.
  2. Favoriser les parties pro-occidentales.
  3. Moderniser les armées du Sud-Caucase en partenariat avec l’OTAN pour réduire leur dépendance face à la Russie.

De plus s’oppose dans cet espace deux notions contradictoires:

L’intégrité  territoriale.

Frontière hérités de l’URSS qui a causé l’éclatement des différents conflits. La stratégie soviétique était simple « diviser pour régner ». Aujourd’hui il parait difficile de revenir aux frontières apres ces ruptures sanguines, pour autant aucune puissance n’est prête à prendre la responsabilité de l’autodétermination    

L’auto-détermination

Arméniens du Haut Karabakh, Ossètes, Abkhazes revendiquent leur droit de l’auto-détermination pour disposer de leur destin. Apres leurs victoires sur le terrain militaire face aux armées azéri et géorgienne, elles doivent se battre également sur le terrain diplomatique.

Aujourd’hui les grandes puissances ont peur du précédant que peut crée l’indépendance du Kosovo.

Il est certain que le statut quo, les souvenirs des morts et l’absence d’échange entre les sociétés a encrée le désire de ces petites républiques (Haut-Karabagh, Ossétie du  Sud, Abkhazie) à être maître de leur destin. Il est temps pour la communauté internationale d’avoir le courage de prendre des responsabilités et d’être imaginatif en trouvant des formules de compromis pour la stabilité de la région, la restauration de la confiance ethniques et de la paix pour que toute la région puisse connaître une croissance économique et sociale.

Alen Ter Markossian

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4 octobre 2007 4 04 /10 /octobre /2007 20:15

Article paru dans l'édition du 18/09/2007 sur www.caucaz.com

Par Haroutiun KHACHATRIAN* à Erévan

Traduit en français par Nicolas LANDRU et Lili DI PUPPO

 

Les récents efforts des protagonistes et des médiateurs du conflit du Haut Karabagh ont échoué a faire progresser la résolution d’un des plus anciens conflits ethniques dans l’espace post-soviétique. La situation politique en Arménie et en Azerbaïdjan pourrait aboutir a une impasse dans le processus de négociation pendant au moins un an.

Les protagonistes du conflit

Les trois derniers mois se sont révélés une des périodes les moins prometteuses dans l’histoire des négociations sur le règlement du conflit du Haut Karabagh. Les premières négociations ont débuté peu de temps après la mise en place d’un cessez-le-feu en mai 1994. Pendant le processus de négociation, dans lequel le groupe de Minsk a servi de médiateur (un organe spécialement créé par l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE)), plusieurs options portant sur les principes de règlement du conflit et les détails du processus on été proposées. Ces options ont été toutefois systématiquement rejetées par une des parties concernées.

Les protagonistes du conflit sont l’Azerbaïdjan, l’Arménie et les autorités du Haut Karabagh, lesquelles ont déclaré un état souverain, la république du Haut Karabagh (cet état n’est formellement reconnu par aucun état au monde, y compris l’Arménie). Les positions des protagonistes sont restées inchangées. L’Azerbaïdjan considère le Haut Karabagh comme étant une « partie inaliénable » de son territoire. Les autorités du Karabakh déclare que la région a été intégrée a l’Azerbaïdjan par une décision illégale de Staline, et présentent le résultat du référendum tenu en 1991 comme la base légale de l’indépendance de l’enclave peuplée par des Arméniens. Quant a l’Arménie, elle soutient de facto la position des autorités du Haut Karabagh, déclarant que le droit de la région à son autodétermination ne peut « lui être refusé ».

La dernière fois que les protagonistes et les médiateurs externes ont pu exprimer leur optimisme sur un progrès dans le règlement du conflit était juin 2006, quand les co-présidents du groupe de Minsk, les Etats-Unis, la Russie et la France, ont annoncé des principes acceptés par les deux camps, l’Arménie et l’Azerbaïdjan (les autorités du Haut Karabagh ne prennent plus part aux discussions depuis 1997). Ces principes envisagent les étapes suivantes : le retour des réfugies azéris du Haut Karabagh et des territoires l’encerclant (pendant la guerre, l’armée du Karabagh soutenue par l’Arménie, a occupé sept régions azéries encerclant la région autonome soviétique du Haut Karabagh) suivi d’un référendum tenu au Haut Karabagh sur le statut de l’enclave, dont les résultats devront être reconnus par toutes les parties prenantes.

Les rencontres suivantes entre les présidents azéri et arménien, Ilham Alyiev et Robert Kotcharian, ont toutefois échoué à produire un accord final. Après la dernière rencontre de ce type, qui a eu lieu a Saint-Petersbourg en Russie le 12 juin dernier, l’apathie semble dominer les esprits des négociateurs. La plupart des experts sont de l’avis qu’aucun sommet azéri-arménien effectif ne pourra être envisagé avant la fin des élections présidentielles en 2008 dans les deux pays. En particulier, dans une récente interview avec l’agence de presse APA, Novruz Mamedov, un officiel de haut rang dans l’équipe du président azéri, a déclaré qu’une rencontre des présidents Alyiev et Kotcharian serait envisageable lors du sommet CEI d’octobre a Duchambé. «Mais je ne peux dire ce que serait l’objectif d’une telle rencontre », a precisé Mamedov.

Cette perspective d’impasse signifie que l’inimitié entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie risque bien de perdurer et même de s’amplifier. Plus alarmant encore, les pertes humaines le long des frontières, aussi bien militaires que civiles, vont continuer (une douzaine de morts sont dénombrés chaque année en dépit du cessez-le-feu officiel).

Les médiateurs

Pendant presque toute la période d’après-guerre, les Etats-Unis, la France et la Russie ont joué le rôle de médiateurs dans la résolution du conflit du Haut-Karabagh. Un fait caractérise ce conflit : il a jusqu’à présent été neutre aux intérêts des « grandes puissances ». Alors qu’ailleurs ces grandes puissances ont eu de nombreux désaccords, elles se sont ici toutes trois montrées solidaires en servant d’arbitre équitable, c’est-à-dire qu’elles adhèreraient à n’importe quelle solution sur laquelle arméniens et azéris seraient d’accord. Cette position est en contraste flagrant avec, par exemple, le cas du Kosovo, où les pays occidentaux appellent à la reconnaissance de l’indépendance du Kosovo, alors que la Russie s’y oppose. Dans une interview récente avec le quotidien de Moscou Vremia Novestei, le député-secrétaire assistant Matthew Bryza, qui est actuellement le co-président du Goupe de Minsk, déclare :

« Il existe trois principes majeurs qui influenceront les discussions à propos de la résolution du conflit du Haut-Karabagh : le refus d’utiliser la force, la reconnaissance du droit à l’intégrité territoriale et les droits de nations à disposer d’elles mêmes (droit d’autodétermination). Je pense que dans n’importe quel conflit, en Géorgie, en Moldavie ou dans le Caucase, si les peuples cherchent une solution pacifique il est possible de trouver un compromis entre ces principes. En tant que médiateur, je ne peux déterminer quel statut nous obtiendrons au final (…) Peut-être les élus de ces nations décideront qu’il serait mieux pour le Karabagh d’être indépendant ? Ou bien décideront-ils que la région disputée doit être part de l’Azerbaïdjan avec un haut niveau d’indépendance ? Il n’est pas de mon ressort d’en décider…»

Cette déclaration du diplomate américain n’a pour l’heure pas été objet de rejet de la part de la France ou de la Russie, dans la lignée des pratiques antérieures, lorsque les représentations de cette co-présidence ont émis des déclarations au nom des trois pays. Evidemment, l’interview reconnaissant la possibilité de l’indépendance du Karabagh a été plébiscitée côté arménien et critiquée côté azéri.

Une telle position des médiateurs n’est en fait pas surprenante puisque, malgré la compétition existant entre les trois pays (notamment dans le Sud Caucase), ils désirent avant tout préserver la paix dans la région, pour laquelle ils ont différents intérêts (ne serait-ce que le transit pétrolier vers l’occident, un intérêt évident des pays occidentaux). C’est pourquoi ils ont toujours agi conjointement pour réduire le danger de résurgence des hostilités.

L’Azerbaïdjan a été hautement critiqué pour avoir fait d’actives démarches pour augmenter son potentiel militaire. Précisément, le Président Aliyev a déclaré son projet d’avoir un budget militaire égal à l’ensemble du budget d’Etat de l’Arménie (la montée en flèche des revenus des exportations du pétrole peut rendre une telle perspective réaliste dès l’année prochaine). Le secrétaire assistant américain Daniel Fried a été cité par le service azéri de Radio Liberté en août 2007 ayant déclaré « La guerre va devenir une catastrophe pour l’avenir de l’Azerbaïdjan ». En Septembre 2007, le premier ministre arménien Serge Sargsian a exprimé de son côté sa satisfaction face a l’échec de l’Azerbaïdjan d’atteindre son objectif d’un milliard de dollars de budget militaire et a déclaré que son gouvernement visait un budget plus important l’année prochaine et « a fait des efforts additionnels pour préserver l’équilibre militaire. »

Dans la période récente, plus d’organisations internationales se sont dites prêtes à contribuer à la résolution pacifique du conflit (bien que l’OSCE soit reconnue par tous comme l’acteur principal). Parmi elles, l’Union Européenne, dont le représentant spécial, Peter Semneby, a déclaré son projet de visite au Haut-Karabagh cet automne.

Les sociétés

La conséquence la plus alarmante du « gel» persistant du conflit est sans doute le développement toujours plus avant de l’ « image de l’ennemi » dans les sociétés arménienne et azérie. Des deux côtés, les médias (officiels et privés) font la course pour présenter le camp opposé comme le pire peuple du monde. Beaucoup d’argent est dépensé pour informer la « communauté internationale » des meurtres commis par l’adversaire (le mot génocide est largement employé), de la destruction de sites culturels, et même de mélodies volées (pour ne pas mentionner la compétition des scientifiques, chacun essayant de prouver que la nation adverse n’existait pas par le passé sur les territoires qu’elle occupe aujourd’hui).

Les résultats du voyage d’une délégation conjointe le 28 juin dernier sont en ce sens alarmants. Cet évènement réellement sensationnel s’est déroulé peu de temps après l’échec de la rencontre de Saint-Pétersbourg. Une délégation conjointe d’intellectuels arméniens et azéris effectuait un voyage surprise à Stépanakert, Erévan et Bakou. Cet évènement était organisé à l’initiative des ambassadeurs des deux pays à Moscou, et est sans précédent puisque jusqu’alors l’Azerbaïdjan interdisait à ses citoyens tout contact avec l’Arménie, étendant ainsi le blocus économique.

Cependant, les espoirs initiaux qui pensaient que cette visite pourrait ouvrir la voie à au moins une diminution de la méfiance mutuelle, ont pour l’instant été vains. La société arménienne a principalement ignoré cet évènement alors qu’il n’engendrait aucun écho. Et en Azerbaïdjan, la plupart des réactions concernaient la crainte que « des concessions soient faites à l’agresseur arménien ». De plus, il ne semble y avoir aucun signe de préparation d’une pareille rencontre à l’avenir. Ceci montre que les sociétés des deux pays sont malheureusement plus enclines à vivre dans l’inimitié persistante qu’à faire des efforts visant à la réconciliation. Les azéris continueront à marquer le « Jour du Génocide des Azéris » (ce jour férié était établi par le décret présidentiel de mars 1998 qui déclare que les azéris ont été victimes de génocide commis par les arméniens depuis aussi tôt que 1828) ; et les arméniens continueront à marquer le « Jour de Sumgaït ». Lié aux violences de février 1988, cet « anniversaire » n’était pas célébré en Arménie jusqu’au début des années 2000 et est par conséquent le signe d’une atmosphère anti-azérie grimpante de la part des autorités tant que dans la société.

Les experts s’inquiètent de ce que cultiver une « image de l’ennemi » dans les deux sociétés rendra à l’avenir les compromis de la part des leaders politiques encore plus difficiles. De telle sorte que les politiciens risquent fort de devenir otages de leur propre propagande.


* Harountiun Khachatrian est rédacteur en chef de l'agence de presse Noyan Tapan. Il est l'auteur d'un livre portant sur le conflit du Haut-Karabagh écrit en collaboration avec son homologue azéri Ali Abasov, intitulé "Karabakh Conflict. Variants of Settlement: Concepts and Reality", disponible sur le site web www.ca-c.org.

 


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23 mai 2007 3 23 /05 /mai /2007 22:03

Alors que l’ensemble des medias français et une bonne partie de la presse européenne se penchaient sur l’élection  présidentielle française à l’extrémité du continent européen plus précisément en Arménie se déroulait des élections législatives  pour le renouvellement du Parlement arménien composé de 131 sièges. Quels sont les enjeux, les acteurs et enfin les résultats de ces cinquièmes élections législatives de la République Arménienne  ?

 

Tout d’abord un bref rappel de la composition du parlement sortant  élu en 2003 permet de comprendre les enjeux principaux et l’échiquier politique arménien.

 

 En effet aucun parti ne détenait la  majorité des sièges et cela avait donné naissance à une coalition gouvernementale pro-Kotcharian axé autour du Parti Républicain d’Arménie (HHK) un parti conservateur crée en 1991, et un des plus vieux parti politique arménien de tendance socialiste et nationaliste la Fédération Révolutionnaire Arménien «F.R.A» (HHD).

 

Une grande parti des élus était sans étiquettes et l’opposition avait également crée une coalition enfin de contrer l’action gouvernementale. Néanmoins la grande majorité des parlementaires sans étiquette ont adhérer au fil de l’eau au HHK qui est devenu l’un des grands favoris des élections de 2007.L’opposition anti-gouvernementale n’a pas réussi à s’organiser autour d’un leader et d’un courant idéologique et s’est érodé au cours du temps.

 

Le principale enjeu des élections était de faire sortir des urnes une majorité parlementaire compacte et stable pour poursuivre les reformes économiques, sociales et politiques initiés sous les deux mandats du président Kotcharian. Sans oublier de répondre aux pressions de la communauté internationale qui a insister que ces élections devaient être démocratique et libre,  à défaut elles provoqueraient la suspension de l’aide financière et sous entendu une révolution de « couleur » comme en Ukraine ou en Géorgie pourrait voir le jour dans les rues de Erevan.

 

Quelques jours avant le vote, Washington avait menacé de bloquer une aide promise de 175 millions d’euros si ces élections étaient truquées. Un vice secrétaire d’Etat américain, Daniel Fried avait clairement mis en garde les autorités d’Erevan : « Nous ne nous attendons pas a un scrutin parfait, mais nous voulons voir de réels progrès ». C’est dans cette perspective que 300 observateurs de l’OSCE (Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe) devaient suivre le déroulement du scrutin

 Durant la campagne législative les différents leaders de l’opposition ont insisté sur les dérives anti-démocratiques du gouvernement, la corruption et le risque de fraudes massives à prévoir lors du scrutin. Le HHK a fait campagne sur les résultats économiques et à présenter un programme pour la poursuite des reformes et a insister via Raffi Petrossian, le président de la commission des lois du parlement que son parti, le HHK est suffisamment populaire pour obtenir la majorité, et donc il n’aura pas besoin de truquer les élections (sic).

En revanche, les petits partis d’opposition qui manquent de soutien populaire, pourraient être tentés d’y avoir recours.

L’élection constitue aussi une forme de répétition générale avant la présidentielle de 2008 où le successeur de M. Kotcharian qui effectue son deuxième et dernier mandat sera élu.

Il semble que les deux partis HHK et BHK répètent leurs rôles à venir dans l’élection présidentielle de 2008.

Leader du HHK, le Premier Ministre Serge Sarkissian qui a succédé début avril à Andranik Markarian mort d’un infarctus, est pressenti pour accéder à la présidence de l’Etat arménien

Longtemps sans étiquette ce « Kharabaghtsi » de 53 ans ancien vétéran de la guerre du Haut Karabakh et homme fort du pays il fut investi président du HHK et ne cacha pas son intention de briguer la présidence de la République.

Compagnon de route de Kotcharian depuis le début de la lutte pour l’indépendance de l’Arménie et du Haut-Karabagh, ils se sont  soutenu mutuellement et ont permis de mettre en place un régime présidentiel stable en étant « l’éminence grise qui dirige le gouvernement dans les coulisses », selon Edvard Antinian.

 

 Les autres acteurs de cette campagne législative sont divers avec des leaders charismatique mais dont les partis souffre de crédibilité au près de la population et cela concerne plus particulièrement l’opposition. Si les sondages montraient un électorat avide de reformes radicales, ils prédisaient aussi une victoire des partis pro-gouvernementaux.

 

Ainsi derrière le  HHK grand favoris, l’« Arménie prospère » (BHK) de Gaguik Tsaroukian, un parti récent de tendance populiste fondé par son leader milliardaire ex-champion d’Europe de bras de fer, président du conglomérat Multi Group qui est présent dans une quarantaine de secteur : station-service, ciment, médicaments…, il est à noter que de fort soupçon de blanchissement et de détournement d’argent pèse sur sa fortune colossale.

 

 Les leaders des deux partis se taillent la part du lion aux journaux télévisés ; ils ne se critiquent pas l’un l’autre, mais les observateurs discernent des tensions sous-jacentes.

 Leurs deux programmes sont similaires. Le leader parlementaire du Parti Républicain Galust Sahakian a déclaré qu’il était possible que les deux partis collaborent dans la future assemblée. La rivalité entre les deux partis est cachée, elle alimente rumeurs et spéculations.

Les communiqués ont demandé de part et d’autre l’un que la campagne soit « civilisée » l’autre qu’on renonce aux provocations. Le commentateur Vahan Vardanian pense qu’en dépit d’un vraisemblable accord au sommet, il n’y pas de consensus chez les « seconds couteaux » sur le partage des rôles après les élections.

 Suren Sureniants, pense que les deux partis servent les intérêts du clan de Sarkissian pour le HHK et le BHK sert les intérêts des oligarques réunis autour de Robert Kotcharian.

 Le troisième parti de la coalition gouvernemental est la F.R .A (HHD) dirigé par Hrant Markarian, qui a fait campagne en se présentant comme un parti indépendant hors de la coalition gouvernementale alors que depuis 2003 elle soutient le président Kotcharian.

 

Dans l’opposition on trouve le  parti « Etat de droit » (OE) avec Arthur Baghdassarian ancien président du Parlement qui depuis sa démission s’est engagé dans l’opposition de façon virulente dans sa critique du gouvernement, son parti et de tendance centriste. Il se présente comme un homme nouveau, intègre et proche des occidentaux. Au cours de la campagne il s’est fait piéger dans une conversation qui aurait eu lieu dans un restaurant d’Erevan entre Baghdassarian et un diplomate anglais. Le président Kotcharian a traité Baghdassarian de traître. « C’est difficile d’imaginer qu’un ancien président du Parlement puisse tomber si bas » a-t-il dit. « Qui a trahi un jour est capable de trahir à nouveau».  Baghdassarian parle de « provocation » en vue de le discréditer avant l’élection présidentielle.

Le parti libéral « Héritage » avec Raffi Hovannessian issu de la diaspora, ex ministre des affaires-étrangères. Très opposé au clan Kotcharian et sa main mise sur les institutions arménienne, il propose une refonte de la société arménienne en éradiquant la corruption et le clientélisme. Le partie conservateur « Unité Nationale » d’Artaches Geghamyan, ancien président du Parlement. Le « Parti Travailliste Uni » (MAK) de Gurgen Arsenian de tendance sociale-démocrate. Le « Parti du Peuple » de tendance socialiste de Stepan Demirchian et Aram Sarksian de « République» parti conservateur opposé au gouvernement.

 

Le président Kotcharian après avoir mis son bulletin dans l’urne a déclaré « J’ai voté pour le futur de l’Arménie et la continuation des reformes dans les domaines économiques sociales et autres ». Il adressa également un message à l’opposition « J’espère qu’une réelle opposition sera présente au Parlement, pas une opposition qui représente les intérêts d’Etat étrangers ».

 

Parti

 

 

Votes

 

 

%

 

 

Sièges

 

 

+/-

 

 

Parti Républicain d’Arménie (HHK)

457.032

32,82

64

+33

Arménie Prospère (BHK)

204.443

14,68

24

+24

Fédération Révolutionnaire Arménien (HHD)

177.192

12.72

16

+5

Etat de Droit (OE)

95.256

6.84

9

–10

Héritage

80.890

5.81

6

+6

Parti Travailliste Uni  (MAK)

59.307

4.26

–6

Unité National (AM)

49.863

3.58

–9

Les Temps Nouveaux

47.018

3.38

0

Autres

204.732

15.91

12

–43

Total (Participation 59.35%)

1.375.733

100.0

131

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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27 juillet 2006 4 27 /07 /juillet /2006 14:14

 par David Simonyan expert en sécurité militaire (Erevan)

www.regnum.ru/english/679147.html

 

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16 mars 2006 4 16 /03 /mars /2006 09:52

Conféderation du Sud Caucase : l'avis des experts régionaux

www.regnum.ru/english/605466.html

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29 décembre 2005 4 29 /12 /décembre /2005 17:20

par Alen Ter Markossian

L’Arménie accède à l’indépendance en septembre 1991 dans un contexte politico-économique extrêmement  difficile et fragile. En effet, c’est une situation de quasi guerre total contre l’Azerbaïdjan au sujet du Haut Karabakh. Ce conflit fut vécu par la population arménienne comme une « guerre pour la survie » de la nation arménienne. La situation économique est catastrophique, avec l’embargo turco-azeri, les répercussions du tremblement de terre et l’arrivée des réfugiés après les pogroms anti-arménien de 1988-89. La machine économique soviétique est en panne et les réseaux économiques ne sont pas adaptés à l’économie de marché. Les reformes libérales ont des conséquence sociales dévastateurs poussant une grande partie de la population arménienne à tenter leur chance dans la migration à l’étranger.

 

 La victoire arménienne de 1994 dans le conflit du Haut Karabakh consolide les axes d’alliance mise en place par la diplomatie arménienne. L’aide logistique militaire russe aux côtés des arméniens dans le conflit c’est transformé par la mise en place de partenariat militaire entre Moscou et Erevan tellement fort que les analystes occidentaux appel volontiers l’Arménie « l’Israël  de la Russie ». En effet la Russie est la première garante de la stabilité militaire avec la base russe de Gumri véritable avant poste aux portes du Moyen Orient et la présence des gardes frontières russe sur les frontières turques et iranienne de l’Arménie.

 Le choix sur la partie arménienne par Moscou s’est fait après que Bakou est  chassé toute l’intiligenstia russophone (arméniens, slaves et  juifs) peu après les pogroms anti-arménien et quel est choisi de se rapproché de la Turquie et des Etats Unis. Le divorce avec Bakou c’est traduit dans un premier temps par le refus de ce dernier d’intégrer la CEI et le départ des troupes russes de l’Azerbaïdjan.

La  peur des prétentions azerbaïdjanaises sur le nord de l’Iran peuplé en majorité d’Azéris a poussé le régime des mollahs iraniens à privilégier ces relations avec le premier Etat chrétien au monde plutôt que les turcophones chiites d’Azerbaïdjan. Le paradoxe de cette entente est encore plus grande car les initiateurs de la révolution de 1979 qui ont  renversé le Shah d’Iran au profit d’Ayatollah Khomeiny et les garants de ce régime islamique sont en majorité des mollahs d’origine azérie.

Ainsi l’axe Moscou – Erevan – Téhéran est clairement défini dans un but de rompre l’isolement et de stopper la politique d’endiguement mise en place par Washington malgré la fin de la guerre froide. Washington pour sa part exerce sur Erevan une faible pression concernant ces choix militaires.

En effet au milieu des années 90 les Etats-Unis sont incapable de se présenter comme Moscou un garant militaire des frontières arménienne et de bénéficier au sein de la population d’un élan de sympathie lié à l’héritage historique. Néanmoins l’aide financière américaine per capita est la plus importante après celle attribué à Israël. Malgré cet aide financière Washington n’a  pas l’intention de faire de l’Arménie le leader du Sud Caucase.

En effet, en vue des richesses pétrolières de l’Azerbaïdjan et l’accès maritime à la mer Noire de la Géorgie les sympathies américaines se tournent plus vers Bakou et Tbilissi.

Le poids du lobby de la communauté arménien aux Etats Unis contre balance l’alliance Ankara – Tbilissi - Bakou crée par Washington pour Isoler l’Iran et la Russie.

Ce rapprochement à crée une période d’instabilité politique plus au moins orchestré par Moscou. Bakou et de Tbilissi ont fait la demande d’intégration à L’OTAN ainsi que l’évacuation des base russe d’Akhalkalaki et de Batoumi en Géorgie pour définitivement coupé le cordon qui les lies à Moscou.

Les attentats du 11 septembre 2001, la guerre d’Afghanistan et celle de l’Irak ont marqué un tournant dans la politique étrangère arménienne.

Pour Moscou c’était une opportunité pour stopper l’influence des courants islamistes et salafistes en Asie Central (Tadjikistan, Ouzbékistan) et en même temps d’accentuer l’effort militaire contre les  indépendantistes tchétchènes.

Pour Washington, l’occasion de s’établir de façon durable dans la chasse gardé de la Russie à savoir l’Asie Centrale et le Caucase. C’est ainsi que des bases américaines ont vu le jour en Ouzbékistan. Le président azéri Aliev déploya toutes ses forces diplomatiques pour forcer les troupes américaines à s’établir à Bakou mais le refus d’Ankara via le duo Gül – Erdogan du parti AKP (islamiste modéré) de participer à la guerre en Irak stoppa la réponse positive du Pentagone pour une base US en Azerbaïdjan. L’Arménie pour sa part pour éviter l’isolement militaire et diplomatique a profiter de se rapprochement des deux grands dans la lutte anti-terroriste pour mettre en place une politique de complémentarité.

L’espace aérien arménien fut ouvert aux avions américains qui prenaient la direction de l’Afghanistan. Erevan à signer un traité individuel de partenariat avec l’OTAN et a envoyé  44 soldats intégrés dans un contingent Grec de maintien de la paix au Kosovo ou bien l’envoi d’une brigade de génie civile de 46 hommes en Irak au sein d’un contingent Polonais.

En contre partie Washington exerça une pression sur Erevan concernant c’est bon rapport avec Téhéran et dans une moindre mesure avec Damas. Parallèlement Ankara a été  invité par Washington à ouvrir la frontière arménienne et Bakou de trouver une solution seulement pacifique concernant le Haut Karabakh. En effet, Washington et Moscou n’ont aucun intérêt a crée un foyer d’instabilité en Transcaucasie se qui fera stopper les investissements bancaires en Arménie et pétroliers en Azerbaïdjan et en Géorgie pour l’évacuation du brut par l’oléoduc BTC (Bakou-Tbilissi-Cehyan). Erevan a signer également un traiter de défense collective avec Moscou, maintenant ainsi une coopération très forte dans le domaine des technologies militaires ainsi que dans celle des troupes. C’est dans cette logique de  l'Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC) que l’Arménie a accueillie les contingents russes des bases de Géorgie et organisent régulièrement des échanges de troupes et des manœuvres militaires communes.

 D’après l’agence russe d’information (RIA) Novosti. La population arménienne estime, dans sa majorité, que la Russie est le pays qui exerce sur l'Arménie la plus grande influence. En témoignent les résultats d'un sondage mené par le Centre arménien d'études nationales et stratégiques du 18 au 25 juin auprès de 40 experts et 1 500 habitants, à Erevan et en province. Stepan Safarian, un expert au Centre, note que plus de la moitié des experts interrogés se sont prononcés en faveur de l'adhésion de l'Arménie à l'OTAN : 52,5% des experts arméniens se disent favorables à cette adhésion, 30% se prononcent contre.

Ceci dit, 63,7% des partisans de l'adhésion de l'Arménie à l'OTAN expliquent leur position par la nécessité d'étendre aux trois pays du Caucase du Sud un système unique de sécurité et seulement 31,8% disent que l'OTAN est le plus efficace des systèmes actuels.

 Selon Stepan Safarian, 77,8% des experts qui ne veulent pas que leur pays adhère à l'Alliance de l'Atlantique du Nord estiment que "personne n'attend pas l'Arménie à l'OTAN, il n'y a donc aucun sens d'en parler". 22,2% s'opposent à cette adhésion, prétextant l'absence de relations correctes avec la Turquie.

 Cependant, rappelle l'expert, seulement 34,7% des citoyens du pays approuvent l'idée d'adhésion à l'OTAN et 33,9% se disent opposés à cette éventualité.

 43,3% des partisans de l'adhésion à l'OTAN expliquent leur choix par l'efficacité du système de sécurité au sein de l'Alliance de l'Atlantique Nord, alors que plus de la moitié des adversaires (52,9%) de cette éventualité estiment que l'Arménie doit rester membre de l'Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC) et fonder sa sécurité uniquement sur l'alliance avec la Russie.

 « La base militaire russe restera déployée sur le territoire arménien aussi longtemps qu’elle sera nécessaire à l’Arménie et à la Russie » vient d’indiquer Igor Gromyko, le conseiller de l’ambassade russe en Arménie, lors d’une conférence de presse donnée à Erévan vendredi 23 décembre. « L’Arménie est un allié stratégique de la Russie et de son côté la Russie a besoin d’une base en Arménie » a en outre affirmé le diplomate russe. Selon I. Gromyko, la Russie est présente dans la région du Sud Caucase et elle entend bien y rester avec « la promotion de relations de partenariat dans les domaines économique, politique et humanitaire » avec les républiques du Caucase. Revenant sur la présence russe en Arménie, I. Gromyko a affirmé que Moscou et Erévan entretiennent depuis longtemps des relations fortes d’amitié. De son côté, Mikaël Haroutiounian, le chef de l’Etat-major principal des forces armées arméniennes, a souligné que la 102e base militaire russe -stationnée à Gumri, au nord de l’Arménie- est nécessaire pour assurer la sécurité du pays. Cette 102e base militaire russe de Gumri, déployée en 1995 suite aux accords intergouvernementaux arméno-russe dispose d’une système antimissile S-300, quelques dizaines de chasseurs de type « Mig-29 » ainsi que près de 5 000 militaires.

 

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29 décembre 2005 4 29 /12 /décembre /2005 16:38

L’Arménie demande à l’Unesco de réagir après les nouvelles destructions rapportées dans le cimetière arménien de la vielle ville de Djoulfa au Nakhitchevan.


Des soldats azéris ont été photographiés à partir de la rive iranienne de la rivière Araxe - d’où l’on voit le cimetière de Djoulfa -, en train de saccager à coup de massues les Khatchkars qui étaient encore debout après la précédente destruction massive constatée en 2002.
Après avoir été détruits, les Khatchkars ont été chargés sur des camions et jetés dans la rivière.
Des actes de vandalismes portés à la connaissance du gouvernement arménien par l’ambassade d’Arménie en Iran, qui souligne qu’il s’agit d’une nouvelle tentative des autorités azéries de falsifier l’histoire en effaçant les traces arméniennes dans la région du Nakhitchevan.
Erevan a donc adressé une lettre de protestation à l’Unesco et à plusieurs instances internationales pour que des mesures soient prises afin de protéger de la destruction définitive ce cimetière arménien, une lettre identique a été envoyée par le Katolikos de Cilicie, Aram Ier. En 2002, l’appel lancé par les autorités arméniennes, l’église mais aussi des organisations arméniennes de diaspora à l’Unesco et aux instances concernées, alors que la destruction du cimetière était en cours, avait permis de faire pression sur les autorités azéries pour qu’elles suspendent le saccage systématique des Khatchkars. Mais trois ans après, la destruction a repris, et il ne reste désormais que quelques centaines de Khatchkars encore debout, mais pour la plupart en ruine, là où s’élevaient au début du 20ème siècle quelque 12000 croix de pierre.


Vidéo : http://www.hairenik.com/Haireniktv/HA_TV_Clip04.htm
 

 

Le ministre arménien des affaires étrangères Vartan Oskanian a adressé vendredi une lettre au directeur de l’Unesco Koitsura Maatsura attirant son attention sur la profanation d’un antique cimetière arménien en Azerbaïdjan. Il a dénoncé les actes de vandalisme orchestrées par les autorités azerbaïdjanaises à l’encontre de ce cimetière arménien historique dans le village autrefois arménien de Djoulfa (Hin Djougha) situé dans l’enclave azerbaïdjanaise du Nakhitchevan, qui « avait survécu à une attaque similaire en 2002 ». « Cela fait déjà deux jours que des dizaines de soldats azéris, armés de pelles, de marteaux et de bulldozers, détruisent les khatchkars dans ce cimetière arménien », proteste le ministre arménien des affaires étrangères dans un communiqué. « Au début du XXe siècle, le cimetière dans lequel reposent les ancêtres des habitants de la Nouvelle-Djoulfa (près d’Ispahan en Iran), avait quelque 10 000 khatchkars. En raison de la destruction délibérée organisée par les autorités de Bakou, il reste moins de 2000 de ces pierres tombales uniques, dont la plupart ont d’ailleurs été vandalisées », ajoute le chef de la diplomatie arménienne qui conclut sa lettre en appelant l’Unesco à empêcher la destruction du patrimoine arménien au Nakhitchevan. Levon Mkrtchian, le leader du groupe FRA de l’Assemblée de Erevan, a dénoncé pour sa part le génocide culturel des autorités azéries, qui est incompatible avec leur volonté affichée de régler pacifiquement le conflit du Karabagh. L’attitude des autorités azéries est attribuée au fait que l’Arménie refuse d’accorder à l’Azerbaïdjan un corridor vers le Nakhitchevan, enclavé dans son territoire, en échange de la reconnaissance du corridor permettant à l’inverse de relier à l’Arménie le Haut Karabagh, désenclavé du territoire azerbaïdjanais au prix d’une guerre remportée par les Arméniens mais dont le règlement final est toujours en attente. La télévision arménienne a diffusé jeudi des images, filmées depuis l’Iran frontalier du Nakhitchevan où les Arméniens ne peuvent se rendre, d’hommes jetant des pierres tombales dans la rivière frontalière Araxe.

 


Dans un tout autre contexte, la presse locale de Stavropol, dans le Caucase russe méridional, a tenté de justifier la profanation d’un cimetière arménien de la ville survenue le 6 décembre dernier. Le journal local Pravda a indiqué que les tombes arméniennes vandalisées recouvraient des tombes russes plus anciennes. Rappelons que dans le Caucase russe, les relations entre les communautés arméniennes et la population russe locale ne sont pas des plus amicales, les Arméniens ayant eu à se plaindre à plusieurs reprises de la xénophobie des Russes, en dépit des liens d’amitié maintes fois proclamés entre la Russie et l’Arménie.
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29 décembre 2005 4 29 /12 /décembre /2005 15:57

Par Eva KOCHKAN
Le 01/03/2000

 

Entretien avec Charles Urjewicz, professeur à l'INALCO.

 

RSE: En quels termes définiriez-vous la présence russe aujourd'hui dans le Caucase ?

Charles Urjewicz : La présence russe est, je dirais, "naturelle" au nord des monts Caucase, dans les limites de l'Etat russe tandis qu'il y a une présence russe beaucoup plus légère, beaucoup plus discutée, dans le sud -Caucase. La présence russe découle tout d'abord de l'histoire: la Russie est présente dans la région depuis le XVIIIe siècle. C'est un vieux rêve. Une partie de cette région en particulier dans le sud-Caucase avait établi des liens avec la Russie dès le XVIe siècle et ces liens sont devenus relativement importants à partir du XVIIe. Donc cette présence russe aujourd'hui va de soi pour qui se coltine un peu l'histoire; évidemment elle devient problématique si on la confronte avec ce qui se passe en Tchétchénie…

Justement comment expliquez-vous la situation exceptionnelle de la Tchétchénie par rapport aux autres républiques du nord-Caucase ?

Il faut s'entendre sur le type de présence russe envisagé. Il y a deux types de présence russe dans le nord-Caucase :une présence militaire comme en Tchétchénie et puis une présence de populations russes . Une grande partie du nord-Caucase est aujourd'hui majoritairement russe : ce sont les populations autochtones qui sont minoritaires, elles ont été chassées au XIXe siècle, ou assimilées, intégrées par la suite. Mis à part les Tchétchènes personne ne s'imagine vivre de manière indépendante.Des arguments sont échangés avec Moscou: à partir de la Loi fédérale russe, on cherche à arracher un peu plus d'autonomie, à obtenir un peu plus de libertés mais que ce soit au Daghestan, en Ossétie ou en Balkarie, on ne remet pas vraiment en cause l'intégration de chacune de ces républiques à la fédération de Russie.

La Russie est également présente en Transcaucasie…

La présence russe est aujourd'hui essentiellement stratégique: une des républiques, l'Azerbaïdjan, n'a pas la moindre base russe, tandis que l'Arménie et la Géorgie abritent des bases russes. Mais tandis que l'Arménie considère que la présence de bases russe est un élément essentiel à sa sécurité, la Géorgie considère la présence russe comme une atteinte à sa souveraineté dans la mesure où la Russie a imposé à la Géorgie la cession de bases en 1993, cession qui a été négociée contre une aide militaire russe à la Géorgie dans la guerre contre les Abkhazes.

Mais à côté de cette présence militaire, la Russie n'exerce-t-elle pas aussi par d'autres moyens une influence sur la vie politique des pays de Transcaucasie ?

Comme toute puissance, la Russie profite des faiblesses des autres Etats. Lorsque ces faiblesses sont aussi flagrantes que celles de l'Azerbaïdjan incapable de se défendre face aux Arméniens au Haut-Karabagh, les Russes ont à ce moment-là un extraordinaire terrain de manœuvre. Les Russes ont tout intérêt à aider les uns ou les autres pour mieux contrôler la situation. Je me souviens par exemple qu'en 1992, lorsque j'étais là-bas, il était ahurissant d'observer que les militaires russes offraient leurs services, tel jour aux Azéris, tel jour aux Arméniens. Ils avaient été facilement corrompus; et cela arrangeait très bien les intérêts du centre…Mais encore faut-il être prudent parce qu'on désigne par le "centre"; ce n'est pas "Moscou", ce n'est pas "la Russie".

En effet, quels sont les intérêts aujourd'hui de la Russie ? Il y a mille intérêts russes depuis l'effondrement de l'URSS. A l'époque soviétique il y avait une politique, déterminée par le bureau politique et distillée à travers tous les organes de pouvoir. Aujourd'hui je crois qu'il y a des politiques russes qui de temps à autres se rejoignent.. Mais je dirais que globalement ce qui me frappe aujourd'hui ce n'est pas la politique russe dans le Caucase mais plutôt l'absence de politique …Il n' y a aucune cohérence, aucune politique, il y a des "coups". Ces coups peuvent être très marquants, très visibles, comme la 1ère guerre de Tchétchénie; l'intervention russe peut s'exercer aussi ponctuellement lorsque l'occasion se présente; j'ai parlé du Karabagh, on peut parler de l'Abkhazie, de l'Ossétie…On observe d'ailleurs que la Russie aurait pu, si elle l'avait voulu, détacher définitivement l'Abkhazie de la Géorgie; la Géorgie n'avait aucun moyen de s'y opposer.

La Russie ne l'a pas fait: elle a en 1993 monnayé son aide, après avoir aidé les Abkhazes, afin de ramener la Géorgie sur le droit chemin et opérer ainsi un retour militaire dans la région. Mais est-ce que cela fait vraiment une politique ? Disons qu'il y a quelques constantes : notamment la difficulté de rompre avec le passé, une sorte de légitimité impériale qui ne repose plus sur une possibilité de peser durablement, lourdement, sur les évènements. Il y a quelques "coups", quelques réussites, quelques situations bloquées qui arrangent peut-être les intérêts de Moscou, mais je crois qu'il est trop simple d'accuser la Russie de tous les maux…

Ne pensez-vous pas justement que les indépendances des pays de Transcaucasie laissent aujourd'hui plus de marge de manœuvre à des acteurs locaux dans le règlement des conflits ?

On a vu effectivement arriver dans la région tout un ensemble d'autres acteurs; américains, turcs, iraniens. La Russie s'est alors sentie agressée en voyant d'autres puissances rêvant de la chasser de la région. Mais les "coups" russes s'intègrent également dans un contexte particulier. En effet, les directions politiques des trois républiques sont notoirement incapables d'arriver à des solutions. La Russie mène certes un jeu dangereux mais la plus grande part de responsabilité est à mon avis à chercher du côté des gouvernements locaux.

Ils sont instables, et confrontés à des situations internes très difficiles, des situations économiques déplorables. Aujourd'hui à Bakou, symbole du pétrole, il y a des coupures permanentes d'électricité…

On a donc des Etats dans lesquels la démocratie s'installe très difficilement. Et il est évident que les problèmes et les conflits territoriaux qui ont pour cadre la Transcaucasie se répercutent très rapidement dans le débat politique, d'une certaine façon le pourrissent et empêchent toute évolution de ces Etats. A chaque fois qu'on s'approche d'un compromis, on bute sur un écueil terrible qui est l'absence de courage politique d'un personnel politique qui découvre la vie politique et pour lequel les mots, les émotions, sont plus importants qu'une analyse politique assumée..

Et le tout s'intègre dans un contexte géopolitique régional dans lequel l'attitude de la Russie est très contradictoire. Ce qui s'est passé pendant le conflit de 1992-93 est tout à fait caractéristique: il a opposé aux Géorgiens les Abkhazes, plusieurs centaines de Tchétchènes dont Bassaiev, des cosaques russes , c'est-à-dire que les ennemis combattaient ensemble. On a là je crois, une extraordinaire photographie, un extraordinaire instantané de ce qu'est le Caucase, c'est-à-dire que les alliances d'aujourd'hui ne sont pas celles d'hier, ni celles de demain. On est sur un terrain extraordinairement mouvant où les intérêts immédiats dictent leur conduite aux uns et aux autres.

En est-il de même en ce qui concerne la Tchétchénie ?

En ce qui concerne la Tchétchénie, mon point de vue est le suivant.Dès 1991, tout était biaisé. Après le putsch d'août, Eltsine et son équipe ont été incapables de gérer tous les problèmes périphériques et notamment la question tchétchène. Ils ont porté sur les fonts baptismaux l'indépendance tchétchène, parce qu'elle leur convenait, parce qu'ils pensaient qu'ils pourraient la contrôler. Or , ils se sont aperçus très vite qu'ils ne contrôlaient absolument rien. Très vite la Tchétchénie est devenue un haut lieu de trafics en tous genres…

Plutôt que de laisser les Tchétchènes régler leurs problèmes eux-mêmes, le Kremlin a, au cours des années 92-94, établi des liens avec des éléments pas toujours recommandables. La Russie s'est retrouvée en 1994 entraînée dans la guerre par ses propres fautes, par son absence totale de capacité d'analyse politique alors que les universitaires russes avaient produit des études utiles qui auraient pu permettre au Kremlin de mieux gérer la question tchétchène. Fin 1994, la décision d'une intervention lourde a provoqué une véritable implosion de la société tchétchène.

Les Tchétchènes sont de plus en plus contraints après 1996 à entrer dans l'illégalité pour s'en sortir. Les jeunes sont confrontés à un chômage massif; les structures traditionnelles qui fonctionnaient jusqu'alors avec une efficacité remarquable vont s'effondrer également sous les coups d'un certain nombre de forces criminelles et de forces intégristes. Pour les wahhabites, détruire un peu plus la société traditionnelle, c'est créer un terrain plus propice parce que la société traditionnelle, les clans, s'opposaient très violemment à leur influence. Le problème de l'intervention russe est qu'elle replace les wahhabites dans la société alors qu'ils en étaient exclus parce qu'ils étaient considérés comme dangereux, excessifs. La Russie elle-même s'est placée dans une situation intenable: elle n'a respecté aucun engagement, elle a donné très peu d'argent et les quelques roubles qui ont été donnés pour la reconstruction du pays ont été détournés, comme d'habitude.

De fait, en 1999, peu importe qui a armé le bras de Bassaïev, était-ce Ben Laden, était-ce les services secrets russes , peu importe, peut-être étaient-ce les deux à la fois d'ailleurs… Si la situation a dégénéré à ce point c'est en grande partie à cause de la Russie qui n'a rien fait au cours des trois dernières années : au moins stabiliser Maskhadov, ce n'est pas évidemment pas un idéal mais la question n'est pas là.

De quoi ont peur aujourd'hui exactement les Géorgiens face au conflit en Tchétchénie ?

Ils ont peur de l'extension de la guerre sur le territoire géorgien, c'est la première peur, une peur physique. Et ils ont peur aussi de retomber sous la domination d'une Russie agressive qui, à travers de la reconquête de la Tchétchénie, verrait son appétit augmenter.

Mais ne croyez-vous pas que la Géorgie joue là également un jeu vis-à-vis de l'Occident ?

Oui, elle joue évidemment ce jeu mais elle se rend compte aussi que l'Occident ne fera pas grand-chose en sa faveur. Elle découvre d'ailleurs que l'Occident n'est pas très fiable de ce point de vue là. La guerre en Tchétchénie lui montre qu'elle doit tenir compte avant tout de la Russie.

A un degré moindre, les Azéris découvrent aussi que les choses sont beaucoup plus complexes qu'ils l'imaginaient, que le pétrole n'est pas aussi abondant, que l'évacuation pose problème, que les promesses américaines valent ce qu'elles valent….. Et que la Russie n'est pas loin. Et cela renvoie ces pays à leur histoire, une histoire dure, tragique, marquée par l'occupation russe. Aujourd'hui, la pugnacité de la Russie en Tchétchénie rend les Azéris et les Géorgiens plus modérés. Cela s'est fait en peu de temps, les Géorgiens ont tenté un moment de jouer au plus malin, de jouer à la fois du côté tchétchène et russe et ont compris que cela était extraordinairement dangereux.

Pensez-vous que l'on peut s'attendre malgré tout, du fait de la volonté de ces pays de se rapprocher de l'Europe et de l'OTAN, à ce qu'ils entrent à l'avenir dans une sphère d'influence occidentale ?

Cela n'est pas parti pour, à mon avis. Je n'y ai jamais cru. Ce n'est certainement pas dans une position d'antagonisme face à la Russie que la Transcaucasie gagnera quoi que ce soit. Je crois qu'elle a tout intérêt à mener une politique très modérée. En effet, l'Occident est ce qu'il est; ses intérêts sont quand même relativement modérés dans la région tandis que la Russie, elle, est présente, elle y a plusieurs siècles d'histoire. Il faut espérer tout simplement que la Russie établira des rapports plus normaux, plus civilisés, avec ses voisins et à ce moment-là on trouvera un modus vivendi.

 

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