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29 décembre 2005 4 29 /12 /décembre /2005 15:48

Par François GREMY à Paris

 

 

La Transcaucasie devrait disposer prochainement d’une voie ferrée reliant Bakou sur la mer Caspienne à Kars en Turquie orientale. Derrière ce projet régional qui renforce le corridor est-ouest, les diplomaties s’activent et s’affrontent.

 Sur fond d’une tourmente à bout de souffle autour des élections législatives azerbaïdjanaises, le groupe de travail pour la coopération économique entre les Etats-Unis et l’Azerbaïdjan s’est réuni, le 1er décembre, en vue de préparer un plan d’action pour les développements à venir. Parmi les priorités dégagées, la candidature de Bakou à l’Organisation mondiale du commerce soutenue par Washington, les finalisations de l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC) et du gazoduc BTE, ainsi que le projet très controversé d’une voie de chemin de fer Bakou-Tbilissi-Akhalkalaki-Kars.

Cette nouvelle voie de chemin de fer prévoit la construction d’un tronçon de 90 km entre Akhalkalaki (Géorgie) et Kars (Turquie) pour un coût actuellement estimé à 600 millions de dollars. L’enjeu est double.

Economique d’abord. Près de 3 millions de tonnes de marchandises, essentiellement du pétrole, devraient transiter chaque année par cette voie ferrée. Actuellement, le pétrole en provenance du Turkménistan et du Kazakhstan est acheminé par wagons via l’Azerbaïdjan jusqu’aux ports géorgiens sur la mer Noire , à Poti et Batoumi. A l’instar du BTC, cette voie ferrée vers la Turquie a pour ambition de désengorger le trafic pétrolier dans le Bosphore.

Politique ensuite. Par cette nouvelle artère de transport, la Turquie et l’Azerbaïdjan écartent un peu plus l’Arménie de la stratégie régionale de désenclavement sud-caucasien. Cette démarche politico-économique s’inscrit dans les projets existants de contournement de l’Arménie concernant les grands axes de transports énergétiques (BTC, BTE) comme routiers. Aujourd’hui, Ankara et Bakou font le choix de faire payer à Erevan sa victoire au Haut-Karabakh par un isolement appuyé.

Ignorer Giumri

L’Arménie accuse par ailleurs les autorités azerbaïdjanaises, géorgiennes et turques de ne pas prendre en compte une ligne déjà existante, celle reliant Giumri (Arménie) à Kars, afin de rétablir la ligne Bakou-Tbilissi -Giumri-Kars actuellement fermée pour cause d’embargo turc. Lors d'une conférence de presse tenue le 30 août dernier, le ministre des Affaires étrangères arménien, Vartan Oskanian, s'est prononcé contre ce projet de construction et s'est dit prêt à lutter farouchement contre ce plan de construction. "Une fois les conflits résolus, il s'avérera que ces lourds investissements auront été une grave erreur financière", a-t-il déclaré.

Kaan Soyak, co-président du conseil commercial arméno-turc et défenseur de la coopération arméno-turque, s’était également insurgé contre ce projet alors que la ligne Giumri-Kars serait rapidement utilisable moyennant quelques travaux de remise en état.

Lors d’une récente séance de travail à Ankara, les ministres des Affaires étrangères turc et azéri ont réaffirmé la condition d´une évacuation des territoires azéris par les Arméniens en échange de la levée du blocus. Aujourd’hui, il faut encore définir ce que les autorités turques et azerbaïdjanaises entendent par « territoires azéris ». Est-ce l’intégralité du Haut-Karabakh ou la multitude de zones tampons que les Arméniens occupent aux alentours du Haut-Karabakh ? Un sujet épineux que même les autorités azerbaïdjanaises rechignent à aborder.

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